Archive pour juin 2018
Sur le concept de l’aimance
J’ai adhéré au concept de l’aimance, comme à un legs précieux de mon mentor Abdelkébir Khatibi ; un don et une trace à la fois. Je la considère comme une langue singulière, une notion inventive et une démarche exigeante ayant pour but de guider les personnes dans le jeu complexe et délicat des attirances humaines, sans renier leur altérité. Dans le mot « aimance », il y a la notion d’alliance mais aussi celles de la mouvance et du renouvellement qui permettent de transformer l’amitié ou l’amour en un art de vivre la rencontre.
Dans l’aimance, on ne se repose pas sur ses acquis, on continue à prendre soin de la relation d’amitié et à se remettre en question car l’aimance se réalise dans la dynamique et le renouvellement.
L’aimance repose sur l’affection sans confusion, l’écoute de l’Autre, la sollicitude en gardant une distance appropriée et la loyauté, tout en respectant la singularité et la différence de l’Autre.
L’aimance permet de transformer l’attraction affective, le désir et la charge passionnelle que « le fait amoureux » engendre, en un champ matériel ou immatériel, où l’on libère sa force créative, sachant que « le manque à être » ne peut être comblé que par le passage vers le champ de l’art et de la navigation symbolique. Dès lors, on s’inscrit dans la volonté de penser la rencontre afin de supporter l’inéluctable écart entre le désirant et l’objet de son désir.
Maria Zaki
Qu’est-ce cet oiseau ?
Elle cherche un interprète
Au revers de l’hiver
Et fait naître une saison
Inédite puis s’y perd
Qu’est-ce cet oiseau
De l’intelligence
Relationnelle
Qui vole librement
Dans l’intemporel
De son cœur ?
Amoureuse de son mystère
Elle prend soin du champ
Et de la roseraie
Sans pour autant
Oublier le désert
Maria Zaki (Extrait de “Le chant de l’aimance”, 2018)