Archive pour juin 2011
Toutes les cordes
Toutes les cordes
De mon luth corporel
Vibrent
Sous la lumière
Des herbes folles
D’un rêve sensuel
Dans lequel
Mon poème projeté
Sur le mur de ta solitude
Achève le doute
De ton champ sauvage
Toujours prêt
A convoiter
De l’encre noire !
Mon cœur se cache
Sagement
Dans une rose rouge
Pourvu que
L’alchimie des couleurs
Eclose entre tes doigts
Et les feuilles blanches
De notre destin !
Maria Zaki (Sillages 78, 2011).
Commentaires :
El Alaoui Saïd dit :
28/06/2011 à 17:21
Percevoir l’être humain comme un instrument de musique m’a toujours séduit et en plus le luth (de l’arabe العود al-`ūd) me plaît tout particulièrement. Très bonne idée !
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26/06/2011 à 20:36
Très beau ! Il faut toujours écouter son cœur surtout s’il a la discrétion d’une rose.
L’ange sauvage du désert
L’ange sauvage du désert
Lance le compte à rebours
Et s’envole sans faire de bruit
C’est la mille et deuxième nuit
La nuit de personne
Shéhérazade se dissimule
Dans un vœu de silence
A nos risques et périls
L’aurore surgissant de la nuit
Sera sans porte ni fenêtre
Comme un mur aveugle
Notre hôte du langage
Frissonne à la fin du conte
Enchaînée à jamais
Dans les puissances du doute !
Maria Zaki (Entre ombre et lumière, 2007).
Commentaires :
Maria Zaki dit :
25/06/2011 à 20:38
Je sais bien qui tu es, chère Hind. Je crois que notre dernière rencontre remonte à dix ans. Je te remercie vivement pour l’intérêt que tu portes à mes écrits et bienvenue sur le blog !
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25/06/2011 à 17:23
Bonjour Maria,
On ressent que ta poésie est si riche et si proche de nous. Par la construction d’images poétiques fortes et profondes, tu nous fais penser à nous-mêmes ; à nos joies, à nos désirs, à nos rêves en plein jour, à nos chagrins, à nos peurs… etc.
Je viens de découvrir tes livres et tes poèmes, je suis une amie de Latifa.
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20/06/2011 à 15:34
J’ai lu et relu attentivement ces derniers poèmes avant de me joindre à cette discussion, et voici ce que j’en conclue. Maria Zaki nous montre comment elle déconstruit un paradigme pour doser les modalités et les enjeux de son assimilation. Il faut noter qu’elle agit souvent ainsi.
Laisse-moi te raconter
Laisse-moi te raconter
Laisse-moi te dire !
Inépuisable narratrice
Rassure-toi
La nuit est passée
D’une main fatale
Le jour vient de te sauver …
Que reste-t-il, Shéhérazade
Des trésors que tu nous as légués ?
Que d’histoires dispersées
Dans les recoins de notre
Mémoire d’Orientales !
Que de balises pour parcourir
La peur au ventre
La nuit sans s’arrêter !
Jusqu’à quand notre sang
Va-t-il couler
Avant que notre parole
Ne soit porteuse
De notre volonté
Et que nos vies
Ne soient plus
Jouées aux dés !
Maria Zaki (Entre ombre et lumière, 2007).
Commentaires :
Lotfi dit :
18/06/2011 à 19:46
J’aime beaucoup ces poèmes, en plus ils suscitent la discussion. Je pense qu’on n’a pas besoin de renier le passé pour aller vers l’avenir mais on doit tirer des leçons de ce passé au lieu de le sacraliser ou de tomber dans un excès de nostalgie. Mais celui qui ignore d’où il vient, a toujours du mal à savoir où il va. En toute amitié!
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18/06/2011 à 14:29
On doit réfléchir au passé, mais sans se faire piéger par celui-ci et oublier que seuls le présent et l’avenir comptent.« L’origine est devant nous » Heidegger
Ton nom est mon soupir
Ton nom est mon soupir
Dans la nuit torsadée
De secrets et de désirs
Toi, qui marches dans
Le cortège de mes vers
Comme on marche
A l’orée du désert
Toi, qui réinventes
Chaque nuit un conte
Que tu dépoussières
Embrassant à l’intuition
La lèvre chancelante
De la première lueur
Toi, la fugitive du jeu
La mémoire et l’enjeu
Toi, la proche lointaine
Belle Shéhérazade
En ton nom, il n’est rien
Qui me revienne !
Maria Zaki (Entre ombre et lumière, 2007).
Commentaires :
Maria Zaki dit :
17/06/2011 à 13:18
Tout d’abord, merci infiniment à tous ceux qui m’encouragent en laissant leurs commentaires. En réalité, cher Saïd, mon objectif en tant qu’auteure, c’est d’adopter une position d’ouverture d’esprit, explicitement assumée comme inclusive. Position à partir de laquelle de nouveaux axes de réflexion intéressants peuvent être posés, tout en interrogeant le passé.
Amitiés.
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17/06/2011 à 11:43
Un homme aux yeux dépoussiérés: « Je trouve que c’est une bonne idée de faire appel aux symboles qui habitent l’imaginaire d’un peuple pour mieux le toucher et le sensibiliser. Je crois que ce n’est pas un hasard si la toute première nouvelle que vous avez publiée, chère Maria, soit Shéhrazade et les mille et une frustrations (dans Histoires courtes du Maroc). Un titre très significatif, n’est-ce pas ? »
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16/06/2011 à 19:35
J’aime bien ce poème, il fait partie de toute une série dont je me rappelle bien, publiés dans le recueil Entre ombre et lumière. Tous pour clamer qu’une autre femme arabe -autre que la Belle Shéhérazade- existe et qu’elle veut être reconnue. Il suffit que les hommes dépoussièrent leurs yeux pour la voir.
Quand mon poème se revêt
Quand mon poème se revêt
Du bleu-vert du ciel
Il ondoie
Entre tes doigts
Et les plis des voyelles !
Quand il se dénude
Il déchire le réel
Et demeure étranger
Y a-t-il dans ton ombre
Un abri pour lui ?
Comme l’encre
Qui monte aux yeux
Amer et exquis
Il couvre le jour
Et emplit la nuit
Il tremble de se couper
A chaque saison
Un membre !
Sans corps
Qui accueillera
Son être-au-monde ?
Maria Zaki (Sur les dunes de l’aimance, 2011).
Commentaires :
bahia dit :
17/06/2011 à 0:11
bonsoir Maria,
Dans ce monde il vaut mieux se préparer à être étranger plutôt que de subir un déchirement en le devenant subitement.
bisou
Depuis le retour de tes heures
Depuis le retour
De tes heures
Au milieu de mes jours
Le temps nage
En dehors des ères
Sur les plages
De mon calendrier
Je dessine ton visage
Je n’arrache aucun jour
Même le plus replié
Chaque minute
Est un vers
Libérant mon poème
De sa tension intérieure
Qu’importe le temps
Qu’il me reste
A tenir sur un parcours
Sentant bon
La douceur de renaître !
Maria Zaki (Inédit, 2011).
Commentaires :
Luc dit :
09/06/2011 à 14:38
J’aime bien ce poème, surtout la chute qui me fait penser à une phrase de Marguerite Yourcenar : “Personne ne sait encore si tout ne vit que pour mourir ou ne meurt que pour renaître”. Amitiés