Au bord de Léthé
Aucun rappel n’arrive
Au bon moment
La mémoire
Ne s’acharne plus
Quand tombe le déni
Comme un rideau
Sur la scène
Et la souvenance
N’est plus ce qu’elle était
Verra-t-on encore
Des formes dressées
Longtemps immobiles
Pétrifiées
Outrepassées
S’agenouiller
Le dos courbé
Et les yeux exorbités
Au bord de Léthé ?
Maria Zaki (Inédit, 2022).
Seul Pégase
Ô Bellérophon
Entre les ailes
De ton cheval
Résonne encore l’écho
De ta mission confuse
Et ton courage vain
Reine et roi
Père et oncle
T’ont vendu
Pour rien
Te voici hélas
Gisant sur le dos
Après avoir vaincu
Les flammes de Chimère
Seul Pégase
Reprit son envol
Pour finir avec
Une crinière bleue
Ridicule
Entre les mains
D’Hercule
Maria Zaki (Inédit, 2022).
C’est entre les lignes
C’est entre les lignes
Que se lisent
Les meilleures lettres
Et dans les blancs
Que se cache
L’esprit du texte
Maria Zaki (Inédit, 2021).
Tu me demandes
Tu me demandes
De débarrasser
Mon regard
De ses filtres conçus
Jour après jour
Année après année
Mais en dépit
Des efforts de l’esprit
L’accoutumance
Défend ses états
De peur de ne plus être
Qu’un fantôme chez soi
Si l’apprentissage
Semble ouvrir
D’innombrables portes
Au jeune-âge
Le désapprentissage
Est à tout âge
Un passage
Qui manque terriblement
D’attractivité
Maria Zaki (Inédit, 2021).
C’est une chose étrange
(À mon fils)
Tu es voué à un avenir
Rempli de surprises
Mais rien ne m’autorise
À être plus assaillie
De doutes que jadis
À tes eaux vives
Qui ignorent souvent
Le calme et le repos
À ton ciel
D’où de terribles éclairs
Parfois jaillissent
Que puis-je adresser ?
C’est une chose étrange
Que ton trépignement
Au sein de la patience
Tu prends de l’âge
Et je reviens
Inéluctablement
De mes anciennes
Évidences
Maria Zaki (Inédit, 2021).
Allons grands et petits
Ils sont si fragiles
Ces rayons de joie
Qui nous tendent
Gracieusement leurs bras
Au-dessus des troubles
Qui encombrent durement
Notre élan et notre souffle
Leur clarté vive
Au cœur de la nuit
Est peut-être éphémère
Et leur durée moins sûre
Mais rien n’est plus pur
Que leur faculté
De défier l’orage
Pour rendre à nos visages
Leurs beaux sourires
Allons grands et petits
Le vent d’hiver
Soulèvera assurément
Les dernières feuilles
Des arbres tristes
Qui longent le fleuve
De notre courte vie
Allons grands et petits
Célébrons le nouvel an
Et remettons à plus tard
Nos peurs et nos soucis
Maria Zaki (Inédit, Décembre 2021).
Les mêmes sillages
Il est des sentiers
Qu’on ne souhaite
À personne de fouler
Ces pistes possibles
À tout moment
Qui vous coupent
Dans votre élan
Vous déstabilisent
Et vous regardent
Mordre la poussière
Quand la lumière
Revient de nouveau
Sur votre passage
Évitez de reprendre
Les mêmes sillages !
Maria Zaki (Inédit, 2021).
Un nuage vaniteux / Una nuvola vanitosa
Un nuage vaniteux
Se sépare des autres
Dans le ciel noir
Il croit tout peupler
Depuis qu’il demanda
La lune en son plein
Et crut l’avoir obtenue
Il s’emplit de lui-même
Aucun discernement
Aucun signe d’humilité
Que le destin
Récompense en retour
Bientôt
Sa beauté suffisante
Sa beauté suprême
Tombera
En gouttes infimes
Il jettera un dernier cri
Mais le ciel fera le sourd
Et les étoiles joueront
Les endormies
***********************
Una nuvola vanitosa
Si separa dalle altre
Nel cielo scuro
Credendo di popolare tutto
Da quando chiese
La luna nella sua pienezza
E credette di averla ottenuta
Si montò la testa
Nessun discernimento
Nessun segno di umiltà
Che il destino
Ricompensa in cambio
Ben presto
La sua bellezza presuntuosa
La sua bellezza suprema
Cadrà
In piccolissime gocce
Getterà un ultimo grido
Ma il cielo rimarrà sordo
E le stelle giocheranno
Addormentate
Maria Zaki, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait de “AU DÉDALE DE L’ÂME/ NEL LABIRINTO DELL’ANIMA“, Edizioni AGA-L’Harmattan, 2021.
Le temps finit toujours / Il tempo finisce sempre
L’Homme n’a de cesse
De se battre contre
Sa condition humaine
Contre son devoir
Inhérent d’exister
Au lieu de s’en acquitter
Il se perd et se retrouve
Dans les labyrinthes
De l’actualité
Mais à chaque fois
Y laisse un morceau
De sa vie intérieure
De son unité
Les promesses de jouvence
De santé ou de liberté
Ne sont que des offres
Plus aliénantes que celles
Qui les ont précédées
Le temps finit toujours
Par ramener l’Homme
À la réalité des choses
Et au prix à payer
**********************
L’Uomo non smette
Di battersi contro
La sua condizione umana
Contro il suo dovere
Inerente di esistere
Invece di realizzare
Si perde e si ritrova
Nei labirinti
Dell’attualità
Ma ogni volta
Ci lascia un pezzo
Della sua vita interiore
Della sua unità
Le promesse di piacere
Di salute o di libertà
Sono solo offerte
Più alienanti di quelle
Che le hanno precedute
Il tempo finisce sempre
Per riportare l’Uomo
Alla realtà delle cose
E al prezzo da pagare
Maria Zaki, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait de “AU DÉDALE DE L’ÂME/ NEL LABIRINTO DELL’ANIMA“, Edizioni AGA-L’Harmattan, 2021.
Du large vers le bord
Si d’étranges algues
Vertes et pourpres
T’habillent
Laisse-toi porter
Sirène sans chaînes
Vers le grand bleu
Sans limites
Des signes de beauté
D’un étrange tissu
Naissent
Et des traces solaires
Que les vagues agitent
Des étoles valsent
Des bretelles se meuvent
En douceur
Pour dessiner ton corps
Et la mémoire de ta robe
Au-delà des formes
S’étend sans couture
Du large vers le bord
Maria Zaki (Inédit, 2021).