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CENTRAFRICAINS, N’AIDONS PAS A TUER LE PAYS DE BOGANDA
Le CENTRAFRIQUE et son peuple vivent depuis le 24 mars 2013, des périodes de leur histoire, aussi douloureuses parfois plus douloureuses que les affres de la colonisation et les dérives de gouvernance de certains fils non soucieux du bien-être de leurs propres frères et sœurs.
La raison de cet enfer immérité vient de ce que Bozize, en dénudant les forces armées centrafricaines, a exposé le CENTRAFRIQUE et son peuple à la merci des envahisseurs étrangers. Il avait déjà montré le chemin en allant chercher de l’aide auprès de son mentor devenu finalement son bourreau, à qui il a demandé du renfort armé pour s’emparer du pouvoir de Bangui.
Quand on fait une telle démarche, on ne fait rien de moins que trahir son pays, son peuple, même si l’intention était de sortir ce peuple d’une certaine difficulté. C’est dire qu’un tel problème aurait dû se régler exclusivement avec la participation, uniquement que, des centrafricains. Aujourd’hui, Bozize, après avoir plongé le pays et son peuple dans une situation honteusement pitoyable et douloureuse, se permet de dire qu’il est prêt à retourner à BANGUI, pour reconquérir le pouvoir qu’il a perdu. Personne ne peut se fier à de tels propos si ce n’est que croire que celui qui les tient doit avoir des fourmis dans la tête. Prendre une telle position n’est pas non plus donner un quitus au chef de la SELEKA qui a décidément mis les pas dans ceux de BOZIZE.
La réalité est que comme BOZIZE, il s’est entouré de troupes étrangères pour conquérir le pouvoir de BANGUI, et comme BOZIZE qui n’écoutait personne, il est décidé à mourir s’il le faut, pour conserver ce pouvoir car dit-il « je n’ai pas peur de mourir ». Pendant ce temps, ses hommes tuent les centrafricains dont il est chargé de la protection, sans qu’il parvienne à les en empêcher. Bref, faudrait-il qu’il soit encore vrai centrafricain pour ne pas laisser toutes les dérives caractérisées par les tueries, les enlèvements, les viols, les saccages, les pillages et les réquisitions arbitraires des logements des pauvres centrafricains illustrer le nouveau mode de gouvernance qui est celui de la SELEKA .
Gouverner un pays, ce n’est pas faire des nominations à longueur de journée. Gouverner un pays, ce n’est pas badigeonner les murs des vieux bâtiments pour leur donner une apparence nouvelle. Gouverner un pays ce n’est pas changer les dénominations des institutions majeures, pour faire croire à une rénovation. C’est une méthode qui rappelle étrangement les gouvernements d’Afrique des années soixante-dix, où il suffisait de changer le nom d’un pays, le nom de sa capitale, le drapeau parfois, le nom d’un aéroport ou d’un stade pour faire la une des journaux nationaux et internationaux.
Nous ne sommes plus à cette époque-là. Aujourd’hui, on parle de grands chantiers et d’avenir. Débattre de la question des FACA qui doivent devenir un ARC est un non-sens, alors, ce sujet ne mérite même pas un débat car on voit bien que c’est du divertissement, mais un divertissement dangereux. Car, après cela, il suffira de penser à changer le nom de BANGUI, de CENTRAFRIQUE, de refaire une autre devise, de changer les noms de toutes les institutions pour que la boucle soit bouclée et que vive l’islamisation camouflée, qu’on ne veut pas brandir aujourd’hui. La tombe de BOGANDA n’avait-elle pas été déjà saccagée ? Un signe qui ne trompe pas ?
Le chef de la SELEKA ignore ou fait semblant d’ignorer que le pays est dans une période de transition et que le travail d’une transition n’est pas celui qu’il est en train de conduire. A quoi sert la feuille de route de la transition ? Faut-il attendre de passer un voire deux ans avant de penser à la mise en place réelle de cette feuille de route ? L’aboutissement final de cette feuille n’est-elle pas la sécurisation du pays et l’organisation d’élections libres et transparentes ? L’armée centrafricaine, les FACA doivent rester entièrement une armée centrafricaine, qui ne doit compter que des nationaux centrafricains en son sein. Le seul soudanais ou tchadien qui serait admis dans cette institution serait une grave atteinte à la sûreté de l’État et les centrafricains ne devraient pas accepter une telle entorse à leur sécurité. Et même les tchadiens qui occupent des postes ministériels aujourd’hui dans le gouvernement constituent une honte pour le pays tout entier et nous renvoient à l’époque de l’empire, où nous étions une curiosité mondiale.
Les mêmes erreurs qu’a commises BOZIZE en son temps sont en train de se répéter, aggravées de « l’acceptation des hommes étrangers dans l’administration centrafricaine ». Seuls les centrafricains peuvent dire non à cette humiliation et refuser de collaborer avec un tel système. Cela passe par la manifestation d’être centrafricain, d’être fier de l’être et par l’honneur d’être un homme comme tout autre et de refuser de se soumettre à un pouvoir dans lequel on ne se reconnaîtrait pas.
La FRANCE a souffert du nazisme à une époque donnée de son histoire, elle a su tirer les leçons de cette période pour retrouver son statut de pays libre et fort. La délation et la collaboration avaient favorisé cet état de soumission, la solidarité et le patriotisme ont permis à la FRANCE de relever la tête. Tirons une bonne leçon de cette grande histoire.
Adolphe PAKOUA
UNE TRANSITION CHAOTIQUE
Dans sa jeune histoire, le CENTRAFRIQUE, à part sa transmutation lors d’un événement inouï au cours duquel on l’avait transformé en EMPIRE, n’a pas enregistré d’autres événements qui lui ont valu la quantité d’encre et de salive employées pour relater les douloureuses péripéties que la SELEKA, son chef et leurs « acolytes » ne cessent de répandre chaque jour sur le peuple centrafricain et son territoire.
Peut-on croire que le développement de l’industrie informatique dans la transmission des informations est la raison majeure de ce flot de réactions qui concernent la prise du pouvoir à BANGUI par la SELEKA, avec le cortège d’exactions qui la caractérisent ?
La réponse à cette question peut se résumer par l’affirmative, mais l’ampleur des dégâts de la SELEKA a autant de poids dans la balance de ce jugement.
En effet, n’étant pas toujours rassasiés de leurs exactions, les éléments de la SELEKA continuent de perpétrer, sans la moindre inquiétude, leur razzia sur le CENTRAFRIQUE, à un point tel que le Premier Ministre de la transition, qui aurait dû être une pièce maîtresse de la réussite de ladite transition et de la réussite d’une sortie de crise honorable, s’allonge en toute tranquillité sur un matelas cotonneux de mutisme, de laxisme et de laisser-faire. Certains vont jusqu’à croire qu’il est lui-même membre éminent de la SELEKA.
La crédibilité internationale que lui ont accordée les instances telles que la CEEAC ou l’O.N.U. ne lui a servi à rien, pour trouver une réelle parade afin de contrecarrer les visées de la SELEKA et de ses assassins.
En ayant au départ la confiance des institutions internationales, il aurait pu plier le chef de la SELEKA dans son aventure d’auto-proclamation, pour lui faire comprendre que la situation méritait d’être traitée autrement, avec la supervision d’un homme neutre, aussi bien neutre dans l’armée que dans les partis politiques. Ce qui aurait davantage donné de crédibilité à la politique centrafricaine et permis une bonne assistance des différents partenaires du pays.
Avec la composition du CNT conduite véritablement comme une fête où les invités sont choisis selon les affinités, le Premier Ministre aurait dû faire preuve d’un courage inflexible en usant d’un esprit de créativité. Il y a seize préfectures en CENTRAFRIQUE et la diaspora comprise, il aurait dû demander à chaque entité de lui produire sept membres chacune, ce qui aurait fait cent dix-neuf membres qui n’auraient posé aucun problème quant à leur choix (le peuple) et la composition de leur bureau sis sur des bases démocratiques. Au lieu de cela, il s’est laissé embarquer dans l’application d’un système « mafieux » où il était question de parler de société civile, de confessions religieuses et d’autres terminologies censées brouiller davantage les pistes.
S’il avait adopté un tel schéma, cela lui aurait donné davantage de poids et de crédibilité, et aurait évité au représentant de l’Union Européenne d’intervenir sur un sujet si simple et de bon sens. L’intervention de ce haut fonctionnaire sur un aussi léger dossier est tout simplement la démonstration que ce pays n’arrive pas à placer les hommes qu’il faut aux postes qu’il faut.
Le « chef » des bandes de violeurs, de voleurs, de pillards est incapable de contrôler ses zouaves parce qu’il n’est pas l’homme qu’il faut et peut-être parce qu’il n’est pas aussi violeur, aussi voleur, aussi pilleur que ces aventuriers de grand chemin. Or, un adage prévient chacun en ces termes : « Qui se ressemblent, s’assemblent. » Et s’il était conscient de ce dicton, il aurait commencé par indiquer son orientation, que tous ses suiveurs devaient accepter avant de s’engager dans une aventure qui le rend aujourd’hui insomniaque.
L’insécurité a atteint un sommet tel que le moindre bruit à BANGUI met tout le monde en alerte, la peur d’une contre-offensive aux dépens de la SELEKA étant une réalité urticante. Tout le monde le souhaite, tout le monde le craint.
Voilà le gros fruit d’une transition chaotique, où les chefs ne savent plus que faire, où les partis politiques ont disparu, laissant la place à des individus qui se disent partis politiques tout simplement parce que la confusion a gagné tous les esprits.
Et à l’allure où vont les choses, l’on se demande combien de temps durera la transition, quels hommes doivent conduire cette transition car ce ne sont pas ceux actuels du gouvernement (avec la cohorte de ministres tchadiens) ni ceux au CNT, incapables de débattre des réalités du pays, car la démonstration est faite que plus longtemps ils resteront à leurs postes, plus longtemps durera le calvaire du peuple centrafricain.
Le peuple promet de se venger, lors des prochaines élections générales, des hommes politiques et des partis politiques courbés sous le mutisme devant les massacres, les viols, les vols dont il est victime quotidiennement. Il oublie que ce sont ces hommes qui organisent les élections et les mènent comme ils entendent, avec le cortège de magouilles et d’intimidations que cela suppose et dont ils ne se passeront pas.
Quand on se montre réfractaire à une nouvelle élection du bureau du C.N.T, dont les membres ne sont plus les mêmes en effectif, il ne faut pas aller loin pour deviner ce qui se projette en ce qui concerne les futures élections.
En attendant, le chaos de la transition est un enfer pour le gentil et pacifique peuple centrafricain, sur qui on déverse des tonnes et des tonnes de malheurs immérités. Ce n’est pas en mettant en berne le beau drapeau dont les centrafricains sont si fiers, parce qu’un grand nombre de centrafricains ont péri en voulant survivre dans des mines de diamant ou d’or, qu’on s’abaisse pour faire amende honorable des viols, des saccages, des pillages répandus sur tout le territoire par les bandits qui vous soutiennent, que le peuple oubliera et vous applaudira. Il n’aurait pas fallu, au départ, faire couler le sang d’un seul centrafricain, violer une seule femme, saccager un seul bâtiment public pour mériter de mettre en berne les couleurs centrafricaines. C’est une plaisanterie de très très mauvais goût dont il fallait vous passer. Les centrafricains savent pleurer leurs morts, vous n’allez pas le leur apprendre aujourd’hui, vous qui avez montré que vous veniez pour mettre ce pays à ras de terre, comme le souhaitent vos maîtres chez qui vous courez chercher du soutien. Vos prédécesseurs vous ont facilité la tâche en démantelant complètement l’armée centrafricaine, ne vous y fiez pas, ce peuple saura se relever.
En attendant, il faut trouver les moyens pour mettre un terme à la politique désastreuse de cette transition, qui ne tue pas, seulement, « à petit feu », mais dont la lame de fond fait un travail de transformation indéniable et progressive du pays.
Adolphe PAKOUA
CENTRAFRIQUE : L’OEIL DU CYCLONE
TEXTE DU 14 06 13
Dans un billet que nous avions intitulé « La CEEAC et la CEMAC ne survivront pas sur les ruines du CENTRAFRIQUE », nous avons mis le doigt sur le fait que ces deux institutions ne pouvaient pas se passer du CENTRAFRIQUE, si les états de la sous région d’Afrique centrale voulaient voir leurs peuples connaître un développement réel. De l’anéantissement du CENTRAFRIQUE, découle inéluctablement l’anéantissement de l’ensemble des pays de la sous-région, quand bien même les dirigeants de ces pays feraient des pieds et des mains pour défendre le bilan de certaines réalisations qu’ils ont assurées çà et là dans leur pays. Pour que le CAMEROUN avance dans la voie du développement, il faut que les camerounais aient confiance en eux-mêmes, aux institutions du CAMEROUN et aux autorités de ce même CAMEROUN d’abord. Et cette attitude de bon sens est sans aucun doute partagée par les congolais de Brazzaville et les gabonais. Les tchadiens ne la remettraient certainement pas en cause.
Aujourd’hui, le CENTRAFRIQUE est presque mis sous tutelle militaire du TCHAD, financière du CONGO. Et si la crise qui secoue le CENTRAFRIQUE et humilie son peuple depuis des années est le fruit d’une gouvernance calamiteuse d’une partie de l’élite politique centrafricaine, il faut aussi aller ailleurs, pour trouver les raisons de l’effondrement rapide de l’État centrafricain. Le peuple centrafricain peut être fier d’avoir le cœur sur la main, mais cette louable qualité ne doit pas le faire passer pour un peuple imbécile, qui n’a rien à « f…. » de ses propres intérêts. Sur leur sol, les centrafricains ont toujours vécu en bons termes avec les camerounais, les congolais, les gabonais, les tchadiens, pour ne pas parler d’autres africains venus de plus loin.
Et jamais un conflit n’a ébranlé l’entente, la convivialité entre centrafricains et camerounais, congolais ou gabonais depuis que ces populations ont choisi de passer un long séjour dans le pays.
L’on notera au passage que la population tchadienne n’a pas été citée dans le dernier cas. En effet, les tchadiens qui vivent en Centrafrique, en dépit du fait qu’ils comptent parmi les rares qui tirent leur épingle du jeu économique centrafricain, sont ceux qui, à plus d’une fois, ont eu maille à partir et ont eu de sérieux problèmes avec la population banguissoise en particulier. A bien y réfléchir, ceci n’est pas de leur fait. Le Président du TCHAD, I. DEBY, y est pour quelque chose.
En effet, en Afrique centrale, c’est lui le seul président à s’impliquer personnellement dans les affaires centrafricaines en matière de coup de force. Par deux fois, il a aidé à renverser les pouvoirs de Bangui. C’est grâce à lui que BOZIZE a pris le pouvoir en Mars 2003 des mains de PATASSE, et c’est encore grâce à lui que DJOTODIA et la Seleka se sont installés au siège présidentiel de Bangui. Et la présence militaire tchadienne accrue dans Bangui, a eu pour effet de changer le comportement des uns et des autres : les centrafricains n’ont pas apprécié cette présence massive armée, et les tchadiens de la place se sont senti pousser des ailes. Le résultat a été les conflits dans lesquels des personnes ont perdu leur vie.
Aujourd’hui, pendant que les centrafricains souffrent encore de leurs blessures occasionnées par les viols, les assassinats, les pillages de la part d’un grand nombre d’éléments de la Seleka, le Président du Tchad jubile et a le sourire jusqu’aux oreilles, de savoir qu’une deuxième « plantation » de pétrole allait lui donner les moyens de sa politique hégémonique.
Lors de sa campagne pour un deuxième mandat, BOZIZE avait promis le chemin de fer et le pétrole au peuple centrafricain. Pour les âmes avisées, en période de campagne électorale, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent et les prennent pour pièces sonnantes et trébuchantes.
Il est vrai que le nouveau pouvoir en place actuellement à Bangui n’a pas la tête à se pencher sur ce genre de chose, tant il est occupé à faire des nominations tous azimuts dans l’armée et au gouvernement.
En intervenant par la force en CENTRAFRIQUE, pour favoriser la formation d’un gouvernement à travers lequel les centrafricains ont beaucoup de mal à se reconnaître, le président du TCHAD ne rend service à personne, à plus forte raison aux centrafricains et partant à la sous-région toute entière. La modestie de certains devrait inspirer beaucoup d’autres. Le CENTRAFRIQUE, tout comme la CEEAC a besoin de paix et de sérénité, et cela ne passe pas par le soutien de coups d’État hasardeux. Il est encore temps de se ressaisir et d’aider réellement le CENTRAFRIQUE à se remettre en marche, en permettant aux centrafricains de gérer eux-mêmes leurs affaires. Ce qui se passe actuellement à Bangui est ahurissant, nous ne le souhaitons pas pour le CONGO, le GABON, le CAMEROUN, à plus forte raison pas pour le TCHAD non plus.
Adolphe PAKOUA